Eternelle dans son passé, la genèse de la mutualité se confond avec l'humanité elle même. Depuis lors les hommes ont toujours exprimé, de manières différentes certes, leur solidarité l'un vers l'autre. Très souvent, ce sont les moins fortunés qui sont prêts à porter soutien à leurs frères en détresse. Le Moyen Age déjà nous livre preuve d'organisations de personnes exerçant la même profession pour se protéger mutuellement et pour s'aider l'un l'autre en cas de besoin par un acte de solidarité.
Vers la fin du XVIe siècle, les premières sociétés de secours mutuels ont été fondées en France, vers la fin du XVIIe siècle en Angleterre. L'apparation timide du mouvement d'entraide entre travailleurs non encore organisés, ni sur le plan syndical, ni sur le plan médical, se situait vers la deuxième moitié du 19e siècle seulement.
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L' association de Secours Mutuels du Corps de la Gendarmerie Grand-Ducale, ayant pris la dénomination de POLICE GRAND-DUCALE en 1999 suite à une fusion des deux corps des forces de l'ordre, a été officiellement constituée le 1er février 1890 sous la dénomination de " Sterbekassenverein der Unteroffiziere und Mannschaften des Grossherzoglichen Gendarmen-und Freiwilligen-Korps ".
Dans le contexte historique, la fondation se situe au début de l'industrialisation timide de notre pays étant encore à l'état embryonnaire avec une sécurité sociale à zéro ou tout au plus archimaigre. A la pauvreté générale qui régnait s'ajoutaient les familles nombreuses, la mortalité infantile trop répandue encore, les maladies graves avec décès précoce, les traitements médicaux et hospitaliers sous-développés et mal organisés, le chômage, l'agriculture à peine viable, des salaires de famine, ni assurance maladie ( 1901 ), ni assurance contre les accidents ( 1902 ), ni assurances invalidité-vieillesse ( 1911 ). Aussi sa fondation dévance-t-elle la loi du 11 juillet 1891 concernant les sociétés de secours mutuels, suivie de l'arrêté grand.ducal du 22 juillet de la même année déterminant le règlement de ces sociétés et la création, au même jour, de la fondation " Grand-Duc Adolphe ". Il est au moins intéressant de relever les raisons qui, en 1891, ont amené le Grand-Duc Adolphe à créer sa Fondation. Il se dit, en effet, " intimement convaincu des résultats favorables de la coopération et de la mutualité, qui constituent un des principaux moyens d'amélioration d'existence humaine ".
La création de l'association en 1890 fut, à vrai dire, le point culminant d'une forme d'aide mutuelle instaurée en 1865 déjà au sein du " Corps des Chasseurs Luxembourgeois " par le commandant du Corps des Gendarmes d'antan, le capitaine Crespin Remacle.
" Les sous-officiers et gendarmes montés ont entre eux une assurance mutuelle contre la perte des chevaux, et en cas de mort ou de reforme, qu'elle que soit la cause indépendante de la faute du cavalier, celui-ci est indemnisé par cette assurance de la valeur estimative de son cheval, au jour qu'il le perd, déduction du 10e qui est supporté par le propriétaire du cheval mort ou reformé.
Les cavaliers verseront dans la caisse d'assurance 7 centimes par jour de leur indemnité d'entretien du cheval.
Si l'état de la caisse d'assurance le permet, des secours en pourront être accordés aux cavaliers, à leurs veuves et à leurs orphelins. "
L'association de Secours Mutuels du Corps de la Police Grand-Ducale a su s'adapter aux données variées des étapes successives de son histoire: la première ayant été l'initiative du capitaine Crespin ( 1865 ), la deuxième ayant été celle de sa fondation officielle ( 1890 ), la troisième celle de sa reconstitution en 1945, au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale.
Pour son 50e anniversaire en 1941, l'oppresseur a bien voulu apporter sa propre part en imposant la dissolution pure et simple à toutes les associations de secours mutuels et en confisquant tout leur patrimoine pour le transférer dans la " Deutsche Volksfürsorge ".
Au lendemain de cette Deuxième Guerre mondiale si meutrière, quatre membres énergiques de l'ancien comité de l'association dissoute ont lancé, le 1er septembre 1945, par la voie de la presse à tous les membres actifs, retraités et veuves dela Gendarmerie un appel fervent pour la reconstitution de leur association de secours mutuels. Se trouvant devant une caisse vide, ils ont fait également un appel à la générosité de leurs membres pour un don extraordinaire et exceptionnel, afin d'être en mesure de redémarrer. D'autant plus que les dettes envers les ayants droits des années de guerre étaient considérables. Ces appels ont connu un succès formidable : tous les membres d'avant guerre ont rejoint les rangs de leur association, les dettes ont pu être réglées et il restait une réserve de départ non négligeable. Le Gouvernement de l'époque ayant mis à la disposition de l'ensemble des sociétés de secours mutuels un crédit global de 500.000 francs à titre de subsides extraordinaires de redémarrage, l'assemblée générale de notre mutuelle décidait de ne pas formuler une demande de subside et de renoncer de sa part au profit de sociétés moins fortunées.
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Alors que le Corps de la Police Grand-Ducale est en pleine expansion pour satisfaire aux désirs de sécurité des citoyens, il en est de même pour la mutualité au domaine de la sécurité sociale complémentaire. L'Association de Secours Mutuels du Corps de la Police Grand-Ducale s'est engagée, à l'instar des autres mutuelles, de façon résolue à la cause mutualiste qui n'a rien perdu de sa raison d'être, bien au contraire.
La mutualité, construction essentiellement humaine, édifiée sur des valeurs morales telles que l'amour du prochain et la conscience que finalement nous ne font que partie d'un tout, comme le maillon d'une chaine, solidaires les uns des autres, se doit de faire face aux destinées incertaines de notre monde contemporain.
L'Association de Secours Mutuels du Corps de la Police Grand-Ducale, dans sa tradition du passé, restera axée sur un seul but: celui du bénéfice des hommes, femmes et enfants en nécessité. |